Vision board : visualiser pour mieux choisir

Le vision board (ou tableau de visualisation ou encore tableau de rêve) c’est un tableau d’affichage sur lequel on colle, écrit ou dessine. On peut utiliser des images inspirantes, des mots ou phrases, de dessins, des illustrations, des décorations, des schémas, des flèches, des émojis. Le but est de rendre visible ce que l’on aime, ce que l’on projette pour l’avenir, ce dont on rêve ou ce que l’on ambitionne de faire, d’être ou vivre, qui on aimerait être, dans quel environnement on souhaiterait vivre, partir en vacances, à court, moyen ou long terme. Un vision board peut concerner tous les pans de la vie professionnelle ou personnelle : famille, amis, centres d’intérêt, voyages, décoration, aspiration professionnelle etc. 

On voit souvent fleurir des vision boards sur les réseaux sociaux en janvier : ils représentent alors les intentions de l’année à venir. Ou encore en septembre après les vacances pour se projeter sur une nouvelle année professionnelle. Il est recommandé d’afficher ce tableau chez soi ou d’en faire un fond d’écran pour qu’il serve de guide, d’inspiration ou encore de motivation pour se donner les moyens de ses rêves et ambitions. L’objectif de l’exercice est que ces intentions de début d‘année ou de rentrée scolaire ne restent pas un idéal mais puissent se concrétiser.

Un tableau de visualisation : pour en faire quoi ?

La visualisation est une technique de développement personnel extrêmement puissante mais qui mal explorée peut très vite devenir limitante. Celui ou celle qui se lance dans l’exercice de la visualisation doit instaurer un temps dans son agenda pour lister, organiser, voire prioriser ses envies, ses goûts, ses objectifs ou ambitions.  Dit autrement, explorer, grâce à son imagination et sa pensée, ce que l’on souhaite pour le futur. La visualisation peut être menée ponctuellement, une fois par an, ou bien de manière plus régulière, quotidiennement sur des aspects plus spécifiques de sa vie.

La visualisation qu’elle soit écrite ou en image invite à retranscrire de manière claire les vagues idées que que l’on a parfois du mal à clarifier. Cela se manifeste par le fait qu’on a parfois dans la tête des idées qu’on a du mal à verbaliser ou qui reste dans l’ombre. 

L’idée est qu’en posant ces images, nous allons tout d’abord trier, clarifier voire simplifier ces idées, mais aussi mettre en place tout un tas d’actions. Nous allons aussi générer des dispositions facilitantes pour nous adapter à cette vie « visualisée » notamment parce que les opportunités qui se présentent viennent s’y inscrire et correspondre aux objectifs, rêves, ambitions ou aux expériences que l’on souhaite avoir. 

Revers de la médaille, celui qui a des objectifs clairs en tête peut orienter et investir son énergie dans des projets ou des expériences qui lui tiennent réellement à cœur et qui lui sont prioritaires, sans se disperser. Tout ceci repose sur ce que certains (voir par exemple l’ouvrage de Esther et Jerry Hick) appellent la loi de l’attraction. Génial non ?!

 

Vison board- Odyssée du mercredi

Oui mais…attention ! Ce n’est pas aussi simple et aussi magique !

Ce mécanisme de la loi de l’attraction, n’est pas une notion scientifique et j’en prends ici mes distances. Il ne s’agit pas de tomber dans des excès en pensant qu’il suffit d’avoir à l’esprit de manière claire ce que l’on souhaite atteindre pour l’atteindre réellement par un quelconque miracle ou alignement de planètes.  Il serait trompeur de penser qu’il suffit de penser positivement et avec force à son avenir pour que cela fonctionne. A l’inverse, en cas d’échec ou d’objectif non atteint, il ne faut pas faire reposer toute la responsabilité sur la personne. Il s’agit bien évidement de prendre en compte également tout le contexte et toutes les prédispositions. Ce ne sont pas des pensées ou des imaginations magiques. Il faut dans cet exercice de visualisation tenir compte également des biais cognitifs notamment le biais de confirmation qui consiste à nous orienter vers tout ce qui va dans le sens de notre avis, à sélectionner les informations qui confirment à priori nos idées, nos opinions et nos croyances pour ici nos objectifs de vie. Cette loi de l’attraction peut induire un travers de taille : nous accrocher à des rêves et être prêt ou prête à tout pour y parvenir quitte à sombrer dans le mensonge, ou même la violence. Une autre limite serait de s’enfermer dans cette seule vision possible, y rester figé quitte à se couper d’expériences, d’apprentissages, de partages de vie spontanés.

Moteur !

Ces réserves étant posées, pourquoi la visualisation reste-t-elle un exercice proposé dans plusieurs milieux ? Pourquoi cet exercice est-il aussi largement utilisé et tend même à se développer ? Ma curiosité a été piquée à vif.

La visualisation est un outil utilisé par les sportifs de haut niveau avant une compétition pour mobiliser leurs ressources mentales au service de la victoire, par les thérapeutes pour faire émerger des objectifs à atteindre mais aussi les moyens pour y parvenir. C’est également un outil utilisé dans le cadre du développement personnel par exemple. (Une simple recherche sur un moteur de recherche permet de s’en rendre compte). Se voir en train de réussir peut générer des actions pour atteindre cette réussite : ce que je dois modifier, ce que je dois apprendre, ce que je dois faire. Cette exploration mène à identifier des craintes, des freins, des peurs et accéder ainsi plus rapidement et en conscience à ce à quoi on aspire. Les neurosciences nous ont appris que le cerveau active les mêmes zones du cerveau qu’on vive réellement une situation ou qu’on imagine la vivre. C’est pourquoi on demande aux sportifs de hauts niveaux, ou à certains professionnels de répéter mentalement inlassablement leur action ou épreuve à venir. On sait bien que ce n’est pas suffisant mais c’est intéressant de garder en tête que cela peut contribuer à l’action efficace et à des performances supérieures. 

Pour ma part, je retiens ici un double bénéfice : 

  • avoir une idée claire qui déterminera le choix des actions à mener vers l’objectif en étant plus attentif à son environnement.
  • prendre du plaisir dans l’acte de décider. Je fais ici référence à l’ouvrage Joie militante : construire des luttes en prise avec leurs modes de Carla Bergman et Nick Montgomery qui expliquent que le militantisme joyeux est constitutif de la joie ressentie à agir suite à des décisions, des échanges décidés plutôt que imposés.

Ce travail de visualisation est un outil et sans doute ne faut-il pas lui donner d’autres prétention à ce stade de mon exploration : un outil aidant à la verbalisation et à l’action. Il ne doit pas devenir une croyance qui oriente nos vies. Il ne s’agit pas de rêver en grand dans l’espoir d’une vie meilleure. Rien ne garantit la réussite, l’atteinte des ambitions.

 Ainsi lorsqu’on pratique la visualisation, y compris à travers le vison board, il ne faut pas occulter les moyens et les obstacles avant d’atteindre ces objectifs ni même la possibilité de ne jamais atteindre pleinement les aspirations, et surtout ne pas se focaliser uniquement sur les réussites possibles.

Il s’agit ici d’identifier sur quoi devront porter les efforts, identifier ce qu’il reste à apprendre, à entreprendre pour ne pas se cloitrer dans une posture attentiste. Mais au contraire prendre des décisions, faire des choix, élaborer des stratégies, identifier les ressources pour y parvenir. C’est à cette seule condition que la visualisation se met au service du pouvoir d’action de l’individu. La croyance en une loi de l’attraction peut alors se transformer en prise de conscience que ce qui nous arrive est la conséquence de nos actions, de nos choix, de nos apprentissages et de nos propres efforts et de nos rencontres pour y arriver et nous incite dès lors à rester dans cette posture d’apprentissage et dans un état d’esprit de développement et joyeux.

Action !

Il s’agit de mettre en lien le vision board avec des actions concrètes.

On peut s’appuyer sur les questions proposées par Sylvie Colin dans cette vidéo.

1. Quelles compétences dois-je développer pour me rapprocher de cette activité, de ce métier ? Quels sont les talents que je pourrais exploiter ?

2. Quels sont les plus gros défis qui se présenteront à moi et en quoi me feront-ils grandir au cours de la poursuite de mes rêves ? 

3. Quand les choses deviendront difficiles et que je rencontrerai des obstacles, quels efforts devront être déployés et comment réagirai-je ? 

4. Qu’est-ce que j’attends de la part de mon entourage, amis, famille et enseignants (feedback, encouragement, mises en garde…) ?

5. Qu’est-ce que j’ai appris de mes échecs et erreurs passés ? Qu’est-ce que je peux faire différemment cette fois ?

PS : J’avais publié cet article sur le site https://ecole-partage.fr/blogposts/vision-board en version complète adapté au contexte scolaire

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